Le tourisme belge dans la tourmente du Covid–19
La Belgique accueille chaque année 10 millions de touristes dont plus de 6 millions venant de l'international. Le poids du tourisme représente 2.3% du PIB national, le secteur est donc important et non négligeable dans l’activité économique du pays. Néanmoins, comme l’ensemble des secteurs économiques Belge, le tourisme n’a pas été épargné par la crise du Covid-19.
LES CONTRASTES TERRITORIAUX DE LA SAISON ESTIVALE
Si l’organisation mondiale du tourisme a annoncé une régression entre 60% et 80% du tourisme mondial par rapport à l’année 2019, ces chiffres sont à tempérer en Belgique. Grand nombre de Belges ont en effet décidé de rester au plat pays pour leurs vacances estivales. Lors d’un été classique, 10% des Belges prennent leurs vacances d’été en Wallonie, ce chiffre est monté à 40% pour cette année 2020. Les hébergements de « terroirs », gîtes, fermes, ont été particulièrement prisés et ont connu une croissance de leur activité. Le bilan touristique dans la région Wallonne est donc positif puisqu’environ 75% des opérateurs locaux se disent satisfaits de la saison estivale. Pour Pierre Coenegrachts, Directeur général adjoint de Wallonie Belgique Tourisme, le succès de la saison estivale Wallonne est à mettre en corrélation avec l’intense campagne de communication « Destination Wallonie tout pour s'évader » que la région Wallonne a mis en place tout au long de la crise. Selon l’observatoire Wallon du Tourisme, durant la saison estivale, 80% des touristes étaient des Belges.
Alors que la région Wallonne a pu s’appuyer sur sa clientèle nationale, le son de cloche est tout autre à Bruxelles. Le tourisme Bruxellois est bien plus porté sur un tourisme d’affaires et sur une clientèle internationale, aux abonnés absents tout au long de l’été du fait des mesures de restrictions prises par les pays voisins.
Un indicateur efficace pour évaluer l’état du tourisme est le taux d’occupation des hôtels. A Bruxelles, celui–ci a chuté de 60 points entre juillet 2019 et juillet 2020 pour ne s’établir qu’à 16.9%. Les grands lieux du tourisme Bruxellois ont énormément souffert de la crise. Les musées royaux des Beaux-Arts en sont l’exemple même. C’est ainsi qu’au cours du mois de juillet, le Musée Old Masters et le Musée Magritte ont enregistré une baisse de fréquentation de 69% par rapport à la même période en 2019. Pour la période de mars à juillet 2020 la perte provisoire est estimée à 1,7 million d'euros. Cette perte abyssale s’explique là encore par la proportion de touristes internationaux (70%) qui se rendent dans les musées en temps normal.
IMPACT DE LA CRISE A L’ECHELLE MICRO
Eric Georges, directeur général du Club Med, société phare de tourisme mondial, détaille dans les faits l’impact de la crise sanitaire sur l’activité de son entreprise. La crise du Covid-19 a paralysé l’activité du Club Med pendant 3 mois, l’ensemble du parc hôtelier s’étant entièrement mis à l’arrêt lors du confinement généralisé. Les objectifs de l’année 2020 ne sont évidemment pas atteints. Selon Eric Georges, « l’année 2020 ne sera jamais rattrapée ». Néanmoins, les objectifs du Club Med, révisés au cours de la crise, ont été atteints.
Si la situation durant les derniers mois a été compliquée pour les acteurs du tourisme, Eric Georges ne désespère pas et compte sur les prochaines vacances et les fêtes de fin d’année pour relancer l’activité du Club Med. La Toussaint, les vacances de Noël et les sports d’hiver sont autant de moments forts qui peuvent redynamiser l’activité touristique. Les grands espaces extérieurs seront certainement plébiscités par la clientèle française comme belge. Également, les sports d’hiver peuvent être un réel tremplin pour relancer l’activité du secteur du tourisme. L’accès direct et facile aux stations de ski par la voiture ou par le train est un facteur qui contribuera sans nul doute au succès du prochain temps fort du tourisme : les vacances au ski. Le Club Med qui dispose de plusieurs villages vacances pour les sports d’hiver compte grandement sur cette période pour se relancer définitivement.
L'ETAT AU CHEVET DU SECTEUR TOURISTIQUE
Dans cette période complexe, l’Etat Belge et l’Etat Français ont soutenu ce secteur en crise. La mise en place du chômage partiel généralisé a en effet permis de conserver pour les entreprises l’ensemble de leurs salariés. Le capital humain a donc été pérennisé au travers de la crise, très bon point pour conserver les compétences et savoirs des sociétés de voyage selon Eric Georges. A l’échelle de Bruxelles, ont été également débloqués par l’Etat Belge 5 millions d’euros de fonds pour les acteurs touristiques de la capitale jusqu’en septembre 2020. La région Wallonne à quant à elle mis en place un dispositif spécial pour soutenir son secteur touristique. Vont ainsi être attribués aux familles Belges un pass « Visit Wallonnie » d’une valeur de 80 euros que les Belges pourront dépenser sur la période des mois d’octobre, novembre et décembre. Ce pass, en plus d’être une aide pour les familles Belges, se dresse comme un véritable coup de pouce pour tout le secteur touristique Wallon en cette période de fin d’année.